Les Rateaux en Salsa !

Définitions

Mettre un rateau : En salsa (ou toutes danses de couple en général), mettre un rateau signifie refuser une danse proposée par une personne.
Prendre un rateau : Se voir refuser une invitation à danser.

Gérer un rateau

1- Se remettre psychologiquement d’un rateau subi.
2- Se préparer mentalement à mettre un rateau en toute bonne conscience.

Lorsque le débutant apeuré pénètre timidement dans le milieu de la salsa, suant l’effroi par tous ses pores, il doit faire des pieds et des mains pour s’intégrer. Car qu’il soit venu pour pécho, pour faire des rencontres amicales, pour se divertir, se dépenser ou les quatres à la fois, l’intégration dans le milieu nocturne de la Salsa est incontournable. Et pour s’intégrer, il faut savoir danser. Et pour savoir danser, il faut pratiquer. Et pour pratiquer, il faut inviter des partenaires (ou se faire inviter).

Or, devant la horde de danseurs en paillette enchaînant des Cross Orbital Plus entrecoupés de Shines époustouflants, le débutant n’a dans ses mains que sa technique peu assurée, son sens de la musicalité approximatif et son style inexistant comme arguments d’invitation pour une danse.

Par définition, le débutant a tout à apprendre… Les invitations réussies sont le gage d’un apprentissage rapide et les rateaux sont autant de herses hérissées de piques tranchantes comme des lames de rasoirs dressées sur le chemin le menant au Saint-Graal de la Salsa !
Suivant son charme, sa confiance en lui, son assurance et son expérience, le danseur gérera plus ou moins bien la prise de rateau. Ca dépend aussi du rateau en lui-même, s’il est sincère, violent, argumenté, agressif etc...
Disons que pour un mec qui débute en salsa, un seul rateau reste gérable sans problème. Deux rateaux d’affilée et il se pose quelques questions existentielles. Trois rateaux d’affilé et son moral prend un coup et il se dit que si il ne réussis pas à inviter qui que ce soit, sa soirée sera foutue et qu'il devrait boire un thé Impérial Souchong une fois rentré chez lui en jouant un peu de didjeridoo.

...sachant qu’une bonne danse efface tous les rateaux endurés précédemment (c’est beau la résilience). Mais ATTENTION ! Tout dépend du rateau !
Parce que ouais, y’a différent types de rateaux. Sur le long parcours semé d’embûches menant le débutant timide au titre honorifique de Roi de la Piste Salsa (voir partie Portrait de Salseros), les rateaux fleurissent comme des perce-neiges au soleil et sont autant de coups de poignard dans son ballon d’amour-propre. Mais le rateau en lui-même ne détermine pas tout. Le salsero ou la salsero débutant/e pourra fort bien se tirer d’affraire selon son caractère, entre le fort, cool ou zen que rien abattra et à l’inverse le paranoïaque qui verra dans le moindre signe de refus un rejet insultant et bourré de mépris.

Partant du principe que quand une fille dit oui, c’est qu’elle veut dire non (ou l’inverse, j’m'rappelle plus), ben j’veux dire, on le droit d’être paranoïaque, hein, vous croyez pas ? Danser avec quelqu’un devrait être un droit inaliénable, je vois pas pourquoi on le refuserait !

Il existe plusieurs formes de rateaux. Voici une liste non-exaustive :

Le rateau-fatigue
« NooOooon, j’suis fatiguée !… » dit-elle en plissant le front et en faisant son regard mielleux.
Une fois le dos tourné, vois-t’y moi la donc pas qu’elle se jette dans les bras du premier beau gosse qui l’invite ! Quoi moi jaloux ? De son bronzage mille-watt ? De ses muscles gonflés aux hormones ? De son regard ténébreux due aux larges cernes à force d’avoir fumé trop de oinjs ? « Oui, mais c’est un ami à moi, c’est pas pareil… » ouais, ben ton ami, c’est pas un regard ténébreux qu’il a en vrai, mais c’est des cernes, gnagna ! « Quoi ? Mais ! Rhoo le jaloux !!! Et pis, je danse avec qui je veux !!! Mais ! »

Le rateau-pipi
« Ah, je dois absolument, là, très vite, immédiatement, sur le champ, sans tarder, aller aux toilettes, ça presse ! YihaaAAAaaAAAaaa !!! » Euh… Ouais… Bon… Il est rare celui-là. Un salsero de ma connaissance m’a confié qu’il se plaçait toujours à la sortie des toilettes et qu’il n’invitait que les filles qui en sortaient pour ne pas souffrir d’un rateau-pipi. Il m’a fait promettre de ne répéter cette stratégie anti-rateau à personne...

Le rateau-scanner

Se dit d’une personne qui te regarde de la tête aux pieds d’un oeil morne et qui te dit en détournant le regard « Non. ». C’est beau quand même, non ?

Le rateau-fleuve

« Je… Oh non… Je regrette tellement…. Je suis désolée. Je t’explique… Tu sais, en ce moment, la Salsa, y’a comme un truc qui passe pas. Enfin, tu comprends, c’est pas tout à fait comme ça. Mais là, j’ai décidé que je pouvais aussi passer les soirées à regarder les autres danser. Mais ça reviendra. C’est pas contre toi hein ? Tu le prends pas pour toi ? D’ailleurs, je te le dis, mais la salsa, quand t’y penses. J’veux dire, regarde les. Moi, je trouve pas ça normal. J’aime bien tout ça, mais quand même. Et d’ailleurs, tu les as remarqué eux ? Moi je les comprends pas. C’est dingue quand même. Et attends ? Tu fais la gueule ? Quoi tu dors ? »

Le rateau-miaou

« Miaou. » Pourquoi se prendre la tête alors qu’un simple mot suffit ? Tout le monde reste content.

Le rateau-baffe

« *PLAF* Connard ! Ca t’a pas suffit pendant la dernière danse de me tripoter le cul et d’avoir bavé dans mon décol… Euh, ah pardon, je me suis trompé de personne… » Y’a pas de quoi…

Le rateau-rhéto

« Ah mais je danse pas la porto. » Euh, je danse la cubaine aussi. « Oui, mais tu fais des shines. » Euh, on peut s’en passer. « Oui, mais je suis fatiguée. » Euh, tu viens de prendre un rail de coke. « Oui, mais j’ai envie de faire pipi. » Euh, mais tu sors des chiottes. « Oui, mais c’était pour mon rail. » Euh… « Ah si, finalement, je veux bien danser. » Euh, en fait, j’ai plus envie.

Le rateau-copine
Dans la jungle salsesque, le salsero de niveau intermédiaire arrive à un stade où il prend confiance en lui. Il s’est entouré d’un cocon de relations et il a désormais son petit réseau de danseuses favorites. Sa morale l’interdisant de sombrer dans le snobisme (et de finir dans ce qu’on appelle dans le jargon : le carré VIP), sa curiosité et sa foi dans la nature humaine le pousse à inviter des inconnues malgré son illustre timidité… Il repère justement un binôme de filles qui discutent au bar et, il a remarqué que l’une d’elle dansait plutôt bien. Alors, en remontant gaillardement son froc, il entreprend de l’inviter à danser, haha !
… et là, elle lui répond : « Non merci. Mais tiens, invite plutôt ma copine là. ».
Quoi ?… Confusion… C’était pas prévu dans le putain de programme. On invite la nana, elle dit oui ou elle dit non ! Bon, on reste cool… Un coup d’oeil en direction de la copine… C’est pas brillant. Elle aussi a été prise par surprise par la proposition de son (ex-)amie, et la vacuité abyssale de son regard ne laisse rien présager de bon. Alors, dans le pire des cas, une scène navrante se passe sous les yeux désabusés de notre valeureux salsero : « Ah mais non, c’est toi qu’il invite, vas-y. » – « Attends, t’as pas dansé de la soirée, fais pas ta timide ! »
- « Mais j’sais pas bien danser. »
- « T’inquiète, ça se passera bien. ».
Notre malheureux danseur assiste à une bataille de rateaux dont il est le centre. Il tente sans y croire un « Non mais vous battez pas, c’est pas grave… ». Et là, bien sûr, la nana pousse sa copine hors de sa chaise.
Son garde-fou de sens morale lui interdit bien sûr de refuser la danse. Un « Oui mais non, c’est ta copine que j’ai invitée, pas toi » le propulserait immédiatement au rang d’immonde goujat.
Il réprime alors ce sentiment rageant de s’être fait manipuler et il part danser avec la copine. De son côté, évidemment, elle est confuse également. Elle préfèrerait continuer sa conversation sur les sushis avec sa copine.
Selon l’humeur, la musique, la fatigue, la danse se passera modérément bien. Dans la plupart des cas, ils se feront chier tous les deux et échangeront de temps en temps un rire nerveux quand l’un des deux aura raté une passe. Après la danse, il remerciera sa partenaire poliment. Elle ira rejoindre précipitament sa traitre de copine. Et lui s’enfuira pour se blottir au milieu de son chaleureux cercle d’amis qu’il n’aurait jamais dû quitter. La vie est décidément injuste.

 

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