Origines de la Salsa cubaine
Les différents styles de salsa : salsa cubaine, salsa portoricaine,...
On distingue, parmi les multiples manières de danser la Salsa, 3 styles principaux :
- le style cubain, le plus courant, notamment en Europe,
- le style colombien, très pratiqué en Amérique latine
- le style portoricain, dont la caractéristique est de danser en ligne. Ce style regroupe plusieurs sous-classes principales : le style de Los Angeles se danse "sur le 1" alors que le Style New Yorkais et le style Palladium se dansent "sur le 2".
A l’origine était la "rumba", à l’origine était le "son". Qu’importe le nom que porte la salsa en tant que danse (cubaine, "portoricaine", etc), elle est née dans ce creuset, elle puise son expression dans ces formes plus anciennes. Aussi, si nous parlerons par la suite de leurs différences, n’oublions pas qu’elles ont aussi bien des points communs...
Le style cubain (ou casino)
Déplacement de base : circulaire, le danseur fait tourner la danseuse autour de lui, et lui-même pivote autour d’elle.
Quelques éléments caractéristiques : les jeux de bras, les passages sous le bras danseurs, les mouvements de « tembleque » (tremblements), la rueda (cercle composé de couples qui effectuent les mêmes passes à l’annonce de la « madre »)
Le style cubain actuel : deux voies se développent à l’heure actuelle à Cuba en terme de style. Le retour aux sources, avec les apports de la rumba et du « son », et l’influence de la modernité, avec les apports du hip-hop.
Il vient de la danse casino des années 1950 et prend ses racines dans le son cubain : très africain, « dans le sol », les gestes sont économisés -- on peut le danser dans des endroits bondés --, les passes épurées, il n'y a pas de jeux de jambes. Le couple se déplace essentiellement en décrivant des cercles successifs. C'est avant tout une danse de la rue, populaire, sociale. Il se danse normalement sur le temps (sur le "1"). La rueda de casino, une variante de ce style, consiste en des rondes de couples où un meneur annonce les passes à venir. Tous les danseurs effectuent ces passes en même temps, de sorte que les danseurs changent fréquemment de partenaire.
Le style colombien
La salsa colombienne : Assez peu de passes, beaucoup de pas effectués "en miroir", le temps 4 et le temps huit sont souvent "pointés".
Il est, quant à lui, le plus commun en Amérique latine. Il consiste en une danse très proche du corps de son/sa partenaire, où prime l'esthétique et le caractère plus que le mouvement ou les figures. Les jeux de jambes sont généralement plus complexes que pour les autres styles, tirant parfois vers le twist.
Salsa dite "portoricaine"
Il vaudrait mieux parler ici de "Salsas portorcaines". Le pluriel semble plus approprié, puisque l’on peut définir à l’heure actuelle trois grands types de salsa "portoricaine". Notons par ailleurs que ce terme est très franco-français. Un terme générique utilisé plus largement pour désigner ces styles est "cross body style", du nom du déplacement de base commun à toutes ces salsas : Ces salsas ont en commun :
Déplacement de base : il se fait sur une ligne de danse, dans un couloir. Cette ligne peut bien sûr changer d’orientation.
Quelques éléments caractéristiques : les tours sur place en pivot, les solos appelés shines
L'appelation salsa "portoricaine" est typiquement française, ce style ne vient absolument pas de Porto Rico mais des États-Unis. Il désigne :
Le style New Yorkais
On peut le qualifier de plus démonstratif. Il inclut en particulier de nombreux jeux de jambes (shines, de l'anglais shoe shine signifiant "cirage à chaussure") et se pratique le plus souvent en ligne. À l'inverse du précédent, ce style de salsa se danse « sur le temps faible (2e temps) », ce qui signifie que le changement de direction (le break) s'effectue sur le 2e temps. Il dérive du mambo.
Le style de Los Angeles
Il est proche du style New Yorkais, mais se danse sur le "1" et peut être acrobatique.
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la salsa est avant tout une danse spontanée. En définitive, peu importe le style, tant que les danseurs vibrent ensembles sur la même musique.
Histoire de la Rueda de casino
Quelle est l'origine des figures de la salsa cubaine ? Comment et par qui ont-elles été inventées, et comment ont elles-été transmises et conservées ?
Le tout récent livre de Barbara Balbuena, El Casino Y La Salsa en Cuba, nous fournit une réponse précise : les figures que nous connaissons aujourd'hui sont nées dans le casino cubain avec l'invention de la rueda de casino.
Qu'est-ce que la Rueda de Casino ?
La salsa en Rueda de Casino est une danse synchronisée de groupe avec un constant changement de partenaires. La Rueda moderne utilise le même type de tours et de pas de la salsa cubaine ordinaire qu'on danse librement en couple. Les figures ont des noms qui sont annoncés par le meneur de la Rueda. Les couples de danseurs exécutent la figure et la danseuse passe au danseur suivant de la roue. Les appels des figures se succèdent rapidement produisant une dynamique excitante parmi les danseurs et un effet visuel spectaculaire.
C'est la Rueda de Casino, née dans les années 50, qui est à l'origine du style de la salsa cubaine. Bien sûr à l'époque, le mot Salsa n'existait pas encore (puisqu'il date des années 60-70). La première apparition de la Rueda ou de la danse du Casino cubain était liée au Cha Cha Cha. Les figures ont été ensuite réalisées avec d'autres musiques cubaines et notamment le "son", ancêtre de la salsa.
Le casino des années 50
A la fin des années 50 les ruedas (" roues ") apparaissent comme une nouvelle variante dans le cha cha chá, et la population cubaine les nomma "cha cha chá en rueda". Elles étaient dirigées par un homme connu pour son adresse dans la danse, au moyen d'un signal, préalablement connu des danseurs, à la suite duquel ils effectuaient des changements de partenaire, des combinaisons de passes et d'autres figures inventées à cette fin. Parmi les figures traditionnelles du cha cha chá on note : " vuelta al hombro " (" tour à l'épaule "), tour de la fille autour de l'homme et le paseo (" promenade ").
C'était une époque ou le danzon (genre musical) faiblissant, cédait la place au cha cha cha. Ce nouveau rythme galvanise la musique cubaine menacée par la montée du rock 'n' roll.
L'invention des figures de danse va avoir lieu dans des casinos de la Havane comme le Club Casino Deportivo, aujourd'hui Cercle Social Ouvrier Cristino Naranjo. Dans les années 50 de nombreux grands danseurs se rencontraient pour des compétitions amicales. Ils doivent pratiquer toute la semaine et inventer des nouvelles figures, puis aller au club pour les montrer. Progressivement ils ont commencé à danser les figures ensemble. Pour distinguer les figures, ils ont commencé à leur donner des noms et c'est ainsi que la Rueda de Casino est née.
La rueda de cha cha chá a aussi constitué un apport chorégraphique enrichissant et révolutionnaire dans la danse de salon cubain. Autour de l'année 1956 ce phénomène du cercle de couples commence à être reproduit, mais alors pour l'accompagnement d'autres styles à la mode de la musique populaire, avec un pas et un style très proche du " son " urbain ; on l'appela rueda de casino.
Cette création plut à la jeunesse de l'époque et fut imitée par les danseurs dans d'autres clubs du quartier Playa, et plus tard dans d'autres sociétés de la capitale cubaine. Dans ce processus dynamique on a commencé à diffuser la phrase "allons faire la rueda comme dans le Casino" ; ou "allons faire la rueda de Casino" ; il en restera par réduction l'appellation de "casino" par quoi on a identifié plus tard le nouveau style de danse.
Le rock and roll, à la mode dans les années cinquante, a aussi laissé des traces dans le casino. Cette forme de danse, avec son style spectaculaire caractéristique, avait une grande quantité d'éléments acrobatiques et passes de couples. D'autres aspects comparables des deux danses de salon en question sont : la figure " pá ti, pá mi " (ouvrir et fermer du couple) ; les tours enchaînés avec des bras reliés sans être détachés et la similitude dans les temps avec lesquels on marque le pas.
Dans les premiers temps, le casino a d'abord été dansé dans une rueda au préalable organisée et essayée dans des cercles d'amis, familiaux ou avec les personnes présentes ; ensuite, on a commencé à le réaliser comme danse de couples indépendants et finalement, en deux files, où le couple de tête invente la figure ou le pas.
La nécessité de mettre en œuvre des chorégraphies et de divertir les spectateurs a provoqué l'apparition de nouvelles conceptions spatiales. Il a été ainsi rendu indispensable de nommer chacune des figures, combinaisons de passes, gestes et directions, pour pouvoir les exécuter à l'unison et, surtout, de comprendre l'appel du guide. Entre les passes et les figures plus importantes qui ont été conservées au cours de leur évolution par quatre générations de danseurs, on a : setenta (" soixante-dix / septante"), la prima, enchufe, paseo, la rosa (la rose), yogurt, trencito (" petit train "), arriba (" en haut "), abajo (" en bas "), el flaco (" le maigre "), el gordo (" le gros "), etc...
Le casino apparaît ainsi dans une atmosphère d'intégration de styles, variantes ou des modalités jouissant d'une grande réputation populaire à la fin des années '50. Parmi les plus importants, le " son " et le cha cha chá. On n'attribue pas un type musical spécifique à la danse casino, contrairement aux danses de salon qui l'ont précédé. Au long de toutes ces années où il est resté le favori dans le goût et la popularité des danseurs, on l'a interprété avec tous les styles et variantes musicales à la mode (à Cuba) qui, par leur schéma rythmique ou tempo musical permettaient d'effectuer le pas de base. L'appellation de style casino a été choisie par le peuple lui-même pour désigner le nouveau phénomène dansant depuis les premiers indices de sa création, dans un processus de développement organique, intégrateur et anonyme.
Les facteurs qui ont influencé l'apogée du casino, à Cuba et à l'extérieur de l'île, sont nombreux mais, parmi les plus importants, figure la dimension qu'a prise la musique salsa dans le cadre international. Identifié comme "danse de salsa cubaine", le casino est le moyen approprié pour vivre cette manière d'interpréter la musique, fait en rien paradoxal si nous tenons compte que dans les deux manifestations que sont la salsa et casino, le son cubain est l'élément commun d'origine.
Le succès de la Rueda de Casino à l'étranger
Beaucoup de cubains ont immigré aux Etats-Unis et se sont installés pour la plupart à Miami. Ils ont apporté avec eux des éléments de leur culture et essentiellement la musique et la danse. La Rueda de Casino a commencé ainsi à faire lentement son chemin dans la communauté salsero de miami, pour connaître ensuite un immense succès populaire vers la fin des années 80 et le début des années 90. Le succès était tel qu'il était difficile de trouver un nigthclub dans lequel on ne dansait pas le Casino ou la Rueda.
De Miami, elle s'est propagée d'abord vers la plupart des métropoles américaines ayant une forte population hispanique et aussi vers d'autres cités. Le mouvement " Dance With Me " a participé à populariser cette danse aux Etats-Unis.
La Salsa Casino a évolué à Miami pour donner naissance à un style distinct : le style Miami.
Un nouveau succès à Cuba
Déjà très populaire depuis les années 50, la Rueda de Casino est devenue un phénomène national à Cuba avec Rosendo González et Caridad Rodríguez (Caruca), chorégraphes et danseurs du "Ballet de la Television Cubana", présentée dans le programme télévisé "Para bailar" en 1980.